Actualité : « Débureaucratisation »
Actualité :
Eric Ciotti a organisé un « Forum des libertés ». La référence à Javiei Milei, le Président argentin libertarien, est omniprésente. La thématique de la débureaucratisation est centrale » : « la première table ronde de la soirée s’appelle « État, Afuera la bureaucratie », la deuxième « Collectivités, Afuera le millefeuille », et la troisième « Entreprises, Afuera les normes » »
Source : « "Afuera la bureaucratie" ! Devant ses troupes, Éric Ciotti sort la tronçonneuse comme une baguette magique », 22/01/2025. https://www.marianne.net/politique/droite/etat-afuera-la-bureaucratie-devant-ses-troupes-eric-ciotti-sort-la-tronconneuse-comme-une-baguette-magique
Commentaire :
La thématique de la bureaucratisation est revenue en relation entre autres avec la mise en place du nouveau management public. Plusieurs auteurs ont associé au cours des années 2010, le néolibéralisme et la bureaucratisation (Hibou, 2012 ; Graeber, 2015).
- Mise en perspective :
On peut replacer cette critique de la bureaucratisation dans un temps long. Dans ce cas, il est possible de s’apercevoir que la critique de la bureaucratie a été développée dans les années 1960/70 dans les milieux trotskistes et de la deuxième gauche.
Dans les années 1980, la « modernisation » de l’administration s’est développée sur la base d’une critique de la bureaucratie en s’appuyant entre autres sur les travaux de Michel Crozier (Perrin, 1972).
Paradoxalement, le néolibéralisme est accusé par certains auteurs (Hibou, 2012 ; Graeber, 2015) de reconstituer la bureaucratie qu’il prétendait combattre.
Le discours libertarien reprend cette critique de la bureaucratie, mais il l’attribue non pas au néolibéralisme, mais au développement de l’État providence.
Cela fait partie d’un des aspects du libertarianisme qui tend à s’accaparer dans l’espace public le discours sur la liberté.
De fait, la critique de la bureaucratie peut séduire un électorat divers allant des petits artisans, des agriculteurs aux salariés du secteur associatif, et même public.
La critique de la bureaucratie est à la fois présentée par Milei comme relevant d’une logique de la liberté que d’une logique consistant à effectuer des économies.
Une critique ambiguë de la bureaucratie
La critique de la bureaucratie est ambiguë dans la mesure où elle semble compatible aussi bien avec un discours de critique du capitalisme et du néolibéralisme, qu’une critique libérale de l’État.
Actuellement, le libertarianisme reprend à son compte cette critique de la bureaucratie. On peut dès lors se demander si le fait que le libertarianisme reprend cette critique de la bureaucratie ne signifie pas qu’il entend rompre avec la logique néolibérale.
De ce fait, on peut se demander comme Quinn Slobodian dans Le capitalisme de l’apocalypse, si le libertarianisme n’inaugure pas une rupture avec le néolibéralisme.
Bibliographie :
Graeber, D. (2015). Bureaucratie: L'utopie des règles. Éditions les Liens qui libèrent.
Hibou, B. (2012). La bureaucratisation du monde à l'ère néolibérale (Vol. 91). Paris: La découverte.
Perrin, E. (1972). Crozier Michel, La société bloquée. Revue française de sociologie, 13(2), 282-283.
Slobodian Q. (2025), Le Capitalisme de l’apocalypse Ou le rêve d’un monde sans démocratie, Seuil.