« Débureaucratisation »

 Vignette fictionnelle : 

El Loco était arrivé au pouvoir en s’appuyant sur un mouvement de mécontentement général. Son slogan : « A bas la bureaucratisation ! ». Il avait su agglomérer dans un même vote plusieurs fractions de la population. Il y avait d’abord les petits entrepreneurs qui n’en pouvaient plus de tous les formulaires qu’il fallait remplir pour les aides à la création d’entreprise, pour les prélèvements fiscaux et des autorisations diverses et variées. Il y avait également différents salariés d’associations ou même de services publics qui n’en épuisé par tous les tableaux Excel qu’on leur demandait de remplir et toutes les justifications qu’on leur demandait. El loco leur avait promis « le grand mouvement de débureaucratisation ». Il saurait couper dans tout ce mille-feuille bureaucratique inefficace et coûteux. Grace à cela, la population serait plus libre et plus à même de s’enrichir. Arrivé au pouvoir, il s’était mis à couper et à supprimer. Mais, une partie de la population commença à comprendre que sa folie de débureaucratisation impliquait également la suppression de différents services publics.

(Inspiré de Javiei Milei)

Analyse philosophique de la vignette :

Durant les années 1970, la critique de la bureaucratie réunit à la fois des courants de gauche (des trotskistes à la 2e gauche) et des courants libéraux. Les politiques libérales reprennent cette logique de débureaucratisation dans les années 1980. Pourtant, la revendication d’une plus grande efficacité des organisations qu’elles soient privées ou publiques a conduit à produire de nouveau des phénomènes de bureaucratisation. C’est ce que certains auteurs et autrices ont mis en avant (Hibou, Graeber, 2015).

Il est possible que cette bureaucratisation néolibérale a fait l’objet d’une critique en particulier à travers la critique du nouveau management public. Cette critique a émanée par exemple de travaux faisant état du mal-être au travail dans les hopitaux, les universités, le travail social.

Le président libertarien Javiei Milei a repris ce discours d’un excès de bureaucratie comme justification de coupes budgétaires. Dans le cas de Javiei Milei, la critique de la bureaucratie n’est pas associée à la néolibéralisation du monde, mais dans son cas, il l’associe à l’État providence.

On peut donc voir que la critique de la bureaucratie est une critique ambiguë susceptible de rallier sous une même bannière des acteurs aux intérêts socialement divergents. De fait, on peut constater que la critique sous l’angle de la bureaucratie semble pouvoir produire régulièrement les mêmes effets.

Bibliographie :

Hibou, B. (2012). La bureaucratisation du monde à l'ère néolibérale (Vol. 91). Paris: La découvérte.

Graeber, D. (2015). Bureaucratie: L'utopie des règles. Éditions les Liens qui libèrent.

Posts les plus consultés de ce blog

Comment l’éducation populaire peut-elle lutter contre l’extrême-droite ? (et comment reconnaître l’extrême-droite?)

Qu’est-ce que la pédagogie critique publique ?

Analyse de trois idéaux types de la pédagogie publique